Ghettossori : Et si on arrêtait de tourner en ridicule l’éducation bienveillante ?

Ghettossori : Et si on arrêtait de tourner en ridicule l’éducation bienveillante ?

Depuis quelques mois, une tendance appelée "Ghettossori" tourne sur les réseaux sociaux, TikTok en tête. Au programme : des parents exaspérés qui déclarent fièrement "chez nous, c’est pas Montessori, c’est Ghettossori !". 😰

Dans des vidéos les parents énumèrent toutes les règles mises en place chez eux ou la manière dont ils réagissent à telle ou telle situation. Par exemple, forcer son enfant à faire un bisou pour dire bonjour ou encore laisser son enfant devant son assiette jusqu’à ce qu’il termine son repas… 

C’est censé faire rire. Mais quand on gratte un peu, cette tendance met surtout en lumière un véritable malaise autour des violences éducatives ordinaires, des inégalités sociales et d’une méconnaissance flagrante de la pédagogie positive. Nous en avions parlé sur notre compte Instagram, mais on voulait poser les choses ici.

Ghettossori : des Violences Éducatives Ordinaires (VEO) banalisées

Chantage, cris, humiliations, fessées, punitions… Ces comportements sont encore présents dans beaucoup de foyers. Et pourtant, les Violences Éducatives Ordinaires (VEO) sont interdites 🚫 par la loi depuis 2019. 

Mais sur TikTok ou Instagram, certains parents les revendiquent avec humour. "Hors de question que mon enfant soit mal élevé" scande les parents. 

On dresse, on corrige, on éduque avec la peur. Et surtout, on évite d’expliquer, de pardonner au risque de passer pour un parent laxiste. Le message est clair : être un parent strict, c’est mieux qu’être un parent bienveillant. 

Pourtant, ces violences ont des conséquences réelles sur le développement des enfants : stress chronique, perte d’estime de soi, troubles de l’attachement, etc. 😢

Des idées reçues sur la pédagogie Montessori

Autre dérive : les amalgames faits avec la pédagogie Montessori. Associée plus largement à l’éducation bienveillante et positive, elle serait synonyme de laxisme.

La pédagogie Montessori repose au contraire sur un cadre très structuré et des limites claires posées par l’adulte dans lequel l’enfant est libre de faire des choix. L’environnement est pensé pour favoriser l’autonomie, la concentration et la coopération. L’adulte est un guide, un observateur attentif, qui accompagne sans imposer.

Spoiler : il est possible de poser un cadre sans humilier, dire non sans crier, transmettre des limites dans la bienveillance ! 🤗

Une stigmatisation sociale déguisée

Le terme "Ghettossori" fait référence au "ghetto", autrement dit aux milieux populaires, et renvoie à une image caricaturale de parents jugés "moins bons". 

Il y aurait d’un côté les parents “pauvres” forcément non-éduqués et non-sachants. Et de l’autre, les parents “riches”, cultivés et érudits sur le sujet de l’éducation.

C’est une vision extrêmement classiste, injuste et culpabilisante. La capacité à élever son enfant dans le respect et la bienveillance n’est pas relative à la classe sociale. Tous les parents font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Tous aiment leurs enfants.

On veut des résultats tout de suite !

Autre enjeu : le culte de l’instantanéité. Aujourd’hui tout est devenu urgent, on ne supporte plus d’attendre, de faire la queue au supermarché, d’avoir une mauvaise connexion Internet, de devoir attendre un colis plusieurs jours…etc  On veut tout, tout de suite ! ⏱️

L’éducation n’est pas épargnée : on veut que les enfants obéissent tout de suite. Pas le temps d’expliquer, pas la patience de répéter, pas l’énergie d’écouter. Alors on va au plus rapide, à ce qui coûte le moins d’efforts. Quitte à répéter les schémas qui nous ont fait souffrir durant notre propre enfance.

C’est vrai, l’éducation bienveillante est un travail de fond. C’est une répétition quotidienne de petits gestes, de réparations, de dialogues, de co-construction. Et les fruits mettent du temps à pousser. Mais cela en vaut tellement la peine pour l’épanouissement de nos enfants et la qualité de la relation que l’on construit avec eux ❤️

Une parentalité trop souvent enfermée dans des cases

Mais la réalité, c’est que la parentalité n’est pas une case, c’est un chemin. On teste, on se trompe, on apprend. On peut lire Filliozat ou Gueguen ET perdre patience. On peut s’inspirer de la pédagogie Montessori ET laisser ses enfants regarder des dessins animés. On peut être bienveillant la majeure partie du temps ET parfois crier parce qu’on est à bout, fatigué. On est humain ! 🥰

En vrai, “l’éducation bienveillante et positive” ne devrait même pas porter ce nom, ce devrait être simplement une normalité où tous les parents et enfants se sentent respectés

Notre position : pas d'étiquette, mais du respect !

Chez Pipouette, on ne s’apparente pas à un courant éducationnel en particulier. Ce qu’on défend, c’est le respect de l’enfant, la communication, et l’écoute. 

On accueille avec grand plaisir tous les parents, chacun arrive avec son bagage et ses ressources et on vous accompagne avec bienveillance au stade où vous en êtes, sans pression. Car notre mission est de permettre l’expression des émotions au sein de TOUTES les familles pour construire la #GénérationEmotions 🩷❤️🧡💛💚🩵💙💜🖤🩶

Et si on riait sans blesser ?

L’humour est un merveilleux outil pour parler de parentalité. Mais il ne devrait pas se faire aux dépens de ceux qui essaient d’offrir autre chose à leurs enfants. Car oui, on peut rire ensemble, mais sans rabaisser. On peut partager nos galères sans renoncer à faire mieux.

Alors la prochaine fois que vous verrez passer un #ghettossori, posez-vous la question : est-ce que ça fait avancer les choses ? Est-ce au détriment des enfants et/ou des parents ?

Parce qu’au fond, peu importe le style d’éducation qu’on choisit pour ses enfants, on veut tous la même chose : que nos enfants deviennent des adultes libres, équilibrés et respectueux. Et ça commence par là.