Émotions de filles, émotions de garçons, et puis quoi encore ?

Émotions de filles, émotions de garçons, et puis quoi encore ?

Quand Pipouette a été créé il y a  3 ans, on avait déjà cette conviction très forte de vouloir nous adresser à tous les enfants, quels que soient leurs particularités, leur religion, leur culture, leur couleur, leur âge et bien sûr, leur sexe. Mais on n’avait pas encore bien conscience à quel point le genrage était ancré dans la société et l’éducation, jusqu’aux émotions et leur gestion.

“Arrête de pleurer si tu veux être un homme fort” ; “Les garçons, ça pleure pas !” ; “Fais pas ta fillette, relève-toi, t’as pas mal !”

“Elle fait encore un caprice, c’est normal, c’est tellement capricieux les filles” ; “T’es pas belle quand t’es en colère” ; “Ne vous inquiétez pas, elle pleurniche sans arrêt” ; “Elle est très douillette, elle se plaint pour un rien”…

Des expressions comme celles-là, on pourrait en citer des centaines. Elles nous entourent au quotidien et honnêtement, elles nous font mal aux oreilles et au cœur. Le défi pour nous, parents de notre génération, c’est de casser ces codes des émotions genrées, de l’idée des hommes qui maîtrisent leurs émotions et des femmes qui les extériorisent, de déconstruire pour reconstruire une société plus juste, basée sur l’égalité des sexes et sur les êtres humain.es avant tout. De nombreuses études scientifiques le prouvent, les émotions, positives comme négatives, n’ont pas de sexe. Tout comme le cerveau.

Parce qu’au fil du temps, ces codes genrés s’installent et s’imprègnent, et c’est par eux que naissent les discriminations et les inégalités. Les enfants sont des éponges et ils finissent par avoir les comportements qu’on attend d’eux. Pas étonnant alors que de génération en génération, certains stéréotypes et attitudes perdurent, impulsés par nos idées préconçues et de nos propres éducations.

Mais alors comment casser ce cercle vicieux ? On vous donne quelques pistes :

Il est important d’avoir en tête tout cela pour oser montrer nos émotions à nos enfants, les verbaliser, sans rentrer dans des conditions de genres qui n’ont rien à voir avec l’émotion que l’on ressent. Il est fréquent que les hommes, ayant eux-mêmes été peu autorisés à verbaliser et exprimer leurs émotions étant petits, soient bloqués par rapport à cela et trouvent de grandes difficultés à l’exercice, encore plus avec leurs enfants – et a fortiori leurs fils. Messieurs, aidez-vous de Pipouette ! Faites-le (ou la !) parler à votre place, mettez-lui dans la bouche les mots qui ne sortent pas de la vôtre. La distance créée par un objet tiers est souvent d’une grande aide.

Nous sommes les premiers modèles de nos enfants. 

Sans tomber dans la culpabilisation parentale, vous commencez à nous connaître, il faut garder en tête que très tôt, les schémas de relations qu’ils se construisent viennent avant tout de leurs parents et des adultes qui les entourent. Un enfant qui n’aura jamais vu son père ému mais qui aura souvent vu sa mère pleurer aura forcément une construction différente de celui ou celle qui verra son père montrer ses émotions et ses vulnérabilités. 

À l’inverse, un enfant dont le père a toujours le rôle de “celui qui s’énerve ou qui sévit” aura tendance à associer la colère au masculin. 

Évitons les phrases “cliché”

Elles nous arrivent la plupart du temps sans crier gare et sans même s’en rendre compte. Évidemment, nous n’avons aucune envie de nuire à notre fille quand nous nous exclamons “Sois gentille et tiens-toi bien maintenant !”, ou à notre garçon quand on lui dit “Relève-toi, tu n’as pas mal”. Notre credo chez Pipouette, c’est de dire que les parents font avant tout de leur mieux, et qu’il s’agit d’un métier déjà très difficile pour en plus se flageller en permanence …!

Néanmoins, on peut avoir peu à peu du recul sur les situations et les expressions que l’on emploie, en ayant tout d’abord conscience de l’impact qu’elles peuvent avoir sur les enfants. Le problème n’est pas tant le mot qui échappe que celui qui est répété régulièrement, et qui finira donc par s’imprégner dans l’esprit de l’enfant comme une vérité. Vous savez, ces termes comme “chochotte”, “douillette”, “dur-à-cuire”, “caïd”, “casse-cou” … toutes ces étiquettes qui collent longtemps à la peau.

Pour les émotions, c’est la même chose. Gardons en tête qu’une émotion est un état passager, un ressenti, et qu’elle est immuable, humaine et donc par définition qu’elle n’a aucun sexe. C’est l’interprétation que l’on fait de la gestion de cette émotion qui en a un si on y met quelque chose derrière. Et alors qui devient un stéréotype comme : les filles pleurent et les garçons se mettent en colère. 

D’un point de vue général, pour savoir si une expression est sexiste, demandons-nous “Est-ce que je l’aurais formulé comme ça à un enfant du sexe opposé ? Aurais-je attendu la même chose d’un enfant du sexe opposé ?” Si la réponse est oui, alors on est probablement dans un cliché de genre. Cela peut paraître difficile comme ça, mais nous vous assurons qu’au fil du temps ça devient une gymnastique innée et que très vite, même nos pensées se mettent à changer et cela se traduit au quotidien !

Tout peut commencer par Pipouette ! Pipouette, c’est juste Pipouette pour cette raison. Laissez à votre enfant le soin de choisir s’il s’agira d’une fille ou d’un garçon (une femelle ou un mâle ?). Et demandez-lui quelles émotions il.elle pense que ressent Pipouette. Vous pourriez être surpris.e de voir que les clichés sont bien plus dans la tête des parents que des tout-petits !

Livres, films, dessins animés, jouets … il existe de plus en plus de ressources culturelles ou ludiques qui s’éloignent des stéréotypes et qui cassent les codes genrés. Filles aventurières, garçons sensibles, hommes qui montrent leurs émotions, femmes en colère ; dans la littérature jeunesse notamment, les auteur.es et éditeur.ices font de plus en plus attention à varier les modèles représentés. Et soyez certain.e que cela change beaucoup dans l’éducation de nos enfants !

Faites l’expérience avec votre petit enfant de lui proposer des jeux habituellement proposés au sexe opposé (poupée pour un garçon, ballon de foot pour une fille par exemple), vous verrez comme il sera moins sensible aux préjugés que nous, adultes ! C’est bien qu’un jour nous non plus, nous n’avions pas ces clichés en tête et qu’ils se sont construits au fil de notre évolution et de nos apprentissages …!

Pour Pipouette par exemple, vous pouvez lui acheter plusieurs tenues, que votre enfant pourra interchanger ; vous serez étonné.e de voir que les idées reçues, même concernant les vêtements, sont beaucoup moins présentes pour vos enfants que pour vous-mêmes !

Bien évidemment, l’école et la crèche jouent un grand rôle dans l’éducation genrée de nos enfants. Les choses bougent de plus en plus auprès des professionnel.les de la petite enfance, c’est encore un peu compliqué auprès des écoles et dans les cours de récréation. On ne peut pas tout révolutionner d’un coup, mais pourquoi ne pas commencer par proposer des livres ou des petits films qui cassent les codes genrés auprès des classes de maternelle ou primaire ? 

Ou encore mieux, et si on offrait Pipouette à la maîtresse pour Noël pour qu’elle puisse aider toutes les petites filles et tous les petits garçons à exprimer leurs émotions, à égalité ?!